Bocar Samba Dièye contre Attijari Bank : Une enquête pénale ouverte pour faire la lumière sur un différend financier majeur
Le conflit opposant l’homme d’affaires Bocar Samba Dièye à Attijari Bank, une saga judiciaire qui s’étale sur plusieurs années, connaît un rebondissement spectaculaire avec l’ouverture d’une enquête par le parquet financier. Cette nouvelle tournure, à forte connotation pénale, fait suite à une plainte déposée par Bocar Samba Dièye contre la banque et son directeur général, marquant une escalade significative dans cette affaire complexe. L’audition de l’homme d’affaires a été immédiatement requise afin de recueillir les éléments probants qu’il détient.
Au cœur des accusations portées par Bocar Samba Dièye réside une allégation grave : il soutient avec véhémence qu’Attijari Bank, alors sous l’appellation de Cbao, aurait profité de son illettrisme pour lui faire signer un protocole d’accord le 16 septembre 2013. Ce document controversé reconnaissait une dette de 7,166 milliards de francs CFA envers la banque. Fort de cette reconnaissance de dette, Attijari Bank aurait procédé, lors d’une audience d’adjudication datée du 9 août 2016, à la saisie de trois immeubles appartenant à Bocar Samba Dièye, situés sur les titres fonciers numéros 8403/Gr, 12788/Dg et 9986/Dg, et ce, pour une somme de 4 milliards de francs CFA.
L’affaire ne s’arrête pas là. Selon des informations relayées par le journal Libération, Attijari Bank aurait continué à poursuivre Bocar Samba Dièye pour le recouvrement des 3,166 milliards de francs CFA restants, une démarche qui, si les accusations de l’homme d’affaires s’avèrent fondées, prendrait une dimension particulièrement litigieuse.
Le parcours judiciaire de cette affaire a été semé d’embûches et de rebondissements. En première instance, la demande d’annulation du protocole par Bocar Samba Dièye avait été rejetée. Cette décision fut ensuite confirmée par la Cour d’appel de Dakar, avant que l’affaire ne soit portée devant la Cour de cassation. Cette dernière a finalement cassé l’arrêt rendu en appel et renvoyé les parties devant la Cour d’appel de Thiès. Un tournant majeur intervient le 29 juin 2024, lorsque la Cour d’appel de Thiès déclare nul et non avenu le fameux protocole.
Cette décision judiciaire cruciale remet en question la légitimité de la saisie des trois immeubles, aujourd’hui mutés au nom d’Attijari Bank. En d’autres termes, la saisie immobilière reposerait sur un document jugé invalide par la justice, ce qui, d’un point de vue civil, établit un véritable « braquage immobilier », selon les termes employés. L’ouverture de l’enquête pénale par le parquet financier ouvre un nouveau chapitre dans cette affaire, et pourrait potentiellement mener à des poursuites pour des faits de nature pénale.