Tribunal de Dakar : Moustapha Diakhaté clarifie ses propos controversés et défend son interprétation du terme ‘Alkou’ lors de son procès
Ce jeudi 28 novembre, l’ancien président du groupe parlementaire de la coalition Benno Bokk Yakaar, Moustapha Diakhaté, s’est présenté devant le tribunal de Dakar, où il a été accusé d’avoir tenu des propos jugés “insultants”. L’audience, très attendue, a mis en lumière non seulement les accusations portées contre lui, mais également les nuances de son discours.
Lors de son intervention sur la chaîne 7tv, Moustapha Diakhaté a été interpellé sur des phrases qui ont suscité une controverse. Il a affirmé : « On me reproche des insultes, mais cela n’a jamais été mon intention. J’ai utilisé les termes “Gallou doff dou téreu” et “Alkou”. Pour moi, “Alkou” renvoie à l’idée d’un grand malheur ou d’une malédiction. Les mots évoluent et leurs significations peuvent varier selon le contexte dans lequel ils sont employés. J’entends qu’on m’accuse d’avoir prononcé des mots qui auraient été répétés des milliers de fois, mais je ne peux pas être tenu responsable de cela. Je ne suis pas un insulteur. Ce que je cherchais à exprimer, c’est que ceux qui ont donné leur voix au parti Pastef infligent un préjudice au pays et à eux-mêmes. »
Moustapha Diakhaté a ensuite développé la signification de l’expression “Gallou doff dou téreu”, qu’il a traduite par : « Un malheur ne vient jamais seul. » Il a ajouté que ceux qui ont voté pour Sonko ont certes le droit d’interpréter ses paroles comme des attaques personnelles, mais il a insisté sur le fait qu’il n’avait pas intentionnellement insulté qui que ce soit. « Si un dictionnaire peut me prouver le contraire, je serais prêt à accepter les conséquences devant vous, Monsieur le juge », a-t-il déclaré avec conviction.
Le procureur a alors demandé à Moustapha Diakhaté de préciser la signification du terme “Alkou” dans un contexte francophone. L’ancien député a expliqué : « Alkou fait référence à quelqu’un qui subit un préjudice ou à une communauté qui a été lésée. » Ce à quoi le procureur a rétorqué, soulignant qu’il n’y avait eu ni malédiction, ni coercition des électeurs dans le processus de vote, ce qui a suscité une vive réaction dans la salle.
En s’appuyant sur des dictionnaires wolof-français, le procureur a cité l’expression : « Askan bou alkou rek mokay deff », qui implique que seuls ceux qui sont damnés agissent de la sorte. Il a ensuite interrogé Diakhaté sur les 54 % des votants auxquels il faisait référence. Moustapha Diakhaté a acquiescé, affirmant : « Oui, je parle bien d’eux. Ils ont fait un choix que je considère comme erroné».
Les échanges se sont intensifiés lorsque le procureur a insisté pour savoir si ses remarques ciblaient spécifiquement le parti Pastef. Moustapha Diakhaté a répondu : « Lors de mon interrogatoire, j’ai précisé que je ne savais pas qui avait voté pour qui, je m’adressais simplement à tous ceux qui ont voté. »
L’ancien ministre de la Justice, Me Amadou Sall, a demandé à Diakhaté pourquoi il avait qualifié les électeurs de Sonko de “maudits”. Moustapha Diakhaté a alors expliqué sa position, évoquant des événements tragiques ayant marqué le pays, tels que des pertes humaines et des destructions de biens : « Nous avons élu un président et un Premier ministre qui ont pris des décisions très graves, y compris des déclarations sur l’arrestation à la demande. Je me suis toujours positionné en critique d’Ousmane Sonko. »
La question de la provocation a alors été soulevée lorsque la robe noire a rappelé que Ousmane Sonko avait lui-même qualifié les électeurs de l’APR de voleurs. Moustapha Diakhaté a répondu sans détour : « Je suis conscient de ce qu’il a dit. Toutefois, je tiens à signaler que mes paroles n’ont pas conduit aux violences ayant causé la mort de plus de 80 jeunes ou à la destruction de commerces, comme cela a été observé. Je me sens victime d’une épuration politique. »
Les prochaines audiences promettent d’être tout aussi captivantes, alors que Moustapha Diakhaté s’efforce de défendre son intégrité et le sens de ses paroles.