80 ans après Thiaroye : La France reconnaît un massacre, mais les vérités restent à écrire
À l’approche du 80e anniversaire du massacre des Tirailleurs sénégalais à Thiaroye, un tournant historique semble s’amorcer. Lors d’une interview diffusée jeudi soir sur France 2, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a révélé avoir reçu une lettre de son homologue français, Emmanuel Macron, dans laquelle ce dernier qualifie explicitement les événements de Thiaroye de massacre.
« Le président Macron reconnaît que ce fut, en effet, un massacre », a affirmé le chef de l’État sénégalais, tout en insistant sur la nécessité d’aller plus loin : « Cette reconnaissance doit ouvrir la voie à une manifestation complète et transparente de la vérité sur ce tragique épisode de notre histoire. » Cependant, il a souligné qu’il ne s’agit pas encore d’excuses officielles, précisant : « Nous n’en sommes pas encore là. »
Une histoire longtemps occultée
Face aux accusations de dissimulation historique par la France, le président Faye s’est montré catégorique : « Il est évident qu’il y a eu des tentatives pour enterrer cette vérité. Une chape de plomb a été imposée sur l’histoire de Thiaroye. Aujourd’hui, nous espérons un engagement total, sincère et collaboratif de la part des autorités françaises pour faire la lumière sur cet événement. »
La présence militaire française en question
Interrogé sur l’avenir des troupes françaises au Sénégal, le président Faye a répondu en renversant la perspective : « Imaginez-vous des chars sénégalais, des militaires en uniforme sénégalais déployés en France ? Vous concevriez cela très mal. » Cette remarque incisive souligne l’importance d’un dialogue franc et équilibré sur la présence des 350 soldats français actuellement basés au Sénégal.
Toutefois, le président a précisé qu’aucune décision définitive n’a encore été prise sur un éventuel départ des troupes : « Si la France doit quitter le Sénégal, nous établirons un calendrier précis et les autorités françaises seront les premières informées. »
Alors que les commémorations se préparent, cette prise de position ouvre une nouvelle page dans les relations franco-sénégalaises et relance le débat sur la mémoire partagée des deux nations.