Révolte des Jakartamen: Contre-offensive contre les Contrôles Routiers Systématiques
Depuis plusieurs semaines, les rues de Dakar sont le théâtre d’un mécontentement croissant parmi les conducteurs de Jakarta, ces taxis-motos omniprésents dans la capitale sénégalaise. Les autorités ont intensifié les contrôles routiers, ciblant particulièrement les conducteurs sans permis de conduire, carte grise ou assurance en règle. Cette mesure, justifiée par le gouvernement comme une tentative d’inciter les jeunes à retourner à l’agriculture dans le cadre des « vacances citoyennes patriotiques », est perçue comme une entrave à leur activité quotidienne et un moyen de les chasser de la ville.
Un Secteur en Proie aux Contrôles
Le secteur du transport urbain informel, dominé par les Jakartamen, est directement touché par ces nouvelles régulations. Les conducteurs, souvent des jeunes venant de diverses régions du Sénégal à la recherche de meilleures opportunités, se retrouvent régulièrement interpellés et verbalisés. Cette répression accrue a généré une forte opposition parmi eux, donnant lieu à des manifestations spontanées à divers carrefours de la ville.
Témoignages de Frustration
Rencontrés au croisement de Cambérène, des dizaines de conducteurs expriment leur ras-le-bol. Alioune Badara Lèye, 26 ans, originaire de Louga, s’indigne : « C’est difficile ce que les autorités nous imposent. Nous avons grandement contribué au projet sans rien attendre en retour, mais nous sentons une volonté inavouée de nous chasser de la capitale. Tout ce que nous demandons, c’est de nous faciliter le travail dès lors que nous avons choisi le secteur du transport pour être à l’abri du besoin. »
De même, Oumar Barry, 27 ans, venu de Kaolack, déplore la situation : « Je suis déçu par ce nouveau régime. J’ai beaucoup donné pour ce projet, parfois jusqu’à manifester en laissant mon engin de côté. Aujourd’hui, on nous empêche de travailler dignement. Sous le régime de Macky Sall, les contrôles n’étaient pas aussi systématiques. Même si nous ne sommes pas en règle, les autorités devraient nous faciliter l’obtention des papiers nécessaires, avec des tarifs accessibles. Obtenir un permis de conduire et une carte grise peut coûter entre 100 000 et 200 000 F CFA, une somme que nous ne pouvons pas toujours nous permettre. »
Appels à la Clémence Présidentielle
La foule des jeunes Jakartamen en appelle à la « bonne volonté » du Président de la République et du Premier ministre, Ousmane Sonko. Ils espèrent un assouplissement des mesures et des démarches simplifiées pour obtenir les documents requis. « Président Diomaye, Président Ousmane Sonko, nous implorons votre soutien. C’est difficile ce que nous vivons dans la circulation. Nous sommes tous des citoyens sénégalais », clament-ils en chœur.
Un Contexte Socio-Économique Délicat
Cette crise met en lumière les défis socio-économiques auxquels sont confrontés de nombreux jeunes Sénégalais. Le secteur du transport informel est souvent perçu comme une échappatoire à un chômage rampant et à des perspectives limitées dans l’agriculture. Les récentes politiques gouvernementales, bien qu’intentionnées, doivent tenir compte de la réalité économique et des difficultés d’intégration des jeunes dans des secteurs formels.
Le mécontentement des Jakartamen n’est pas seulement une réaction contre les contrôles routiers, mais une expression d’un désarroi plus profond face à des politiques perçues comme déconnectées des réalités quotidiennes. Les autorités sont désormais face à un dilemme : comment réguler efficacement tout en maintenant la paix sociale et en offrant des opportunités viables à cette jeunesse en quête de stabilité économique.
Dakar24.net